Le mardi 10 janvier 2023, le gouvernement a annoncé le début de la réforme des retraites dans le cadre d’un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, et a dévoilé les mesures qui changeront la durée de cotisation des français. Parmi ces annonces qui devraient prendre effet en septembre 2023, le gouvernement souhaite augmenter le nombre de trimestres cotisés nécessaires pour toucher une retraite à taux plein, ce qui pose de nombreuses questions quant à l’emploi des seniors.
La réforme des retraites a pour but d’adapter le système de retraite à la nouvelle démographie française : l’espérance de vie augmentant plus vite que le taux de natalité, un nombre fixe d’actifs doit cotiser pour un nombre grandissant de retraités. C’est pourquoi la mesure phare de cette réforme est le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Cela signifie qu’un actif devra maintenant cotiser 172 trimestres pendant sa carrière afin de toucher une pension de retraite à taux plein.
En outre, le texte prévoit la création d’un « index senior » dont l’objectif est de valoriser les bonnes pratiques en entreprise pour favoriser l’emploi des seniors. Les entreprises de plus de 1 000 salariés devront donc publier des indicateurs de suivi sur leur politique d’emploi et d’embauches de collaborateurs sexagénaires. Cette mesure sera obligatoire, et les entreprises réfractaires pourront être sanctionnées par le versement d’une amende en cas de non-respect des règles.
L’emploi des seniors est en effet le gros point aveugle de la réforme des retraites. La France est une mauvaise élève dans ce domaine : le taux d’emploi des 55-64 ans est de 54% dans l’Hexagone contre 60,5% en moyenne dans l’Union européenne. Ce score est lié à une mentalité française qui affecte de nombreux seniors : environ un salarié sur quatre (23%) s’est déjà vu reprocher d’être trop âgé pour le poste visé lors de recrutements passés. Et plus d’un quart des dirigeants d’entreprise avoue que face à des CV équivalents, il privilégie le candidat le plus jeune.
De plus, les cadres sont particulièrement touchés par ces problèmes d’emploi. Par exemple, selon une étude réalisée par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) en juin 2022, 485.000 demandeurs d’emploi étaient à la recherche d’un emploi cadre. Parmi eux, 102.000 avaient 55 ans et plus, dont 36% étaient des demandeurs d’emploi longue durée (plus de 12 mois sans emploi).
Avec ces mauvaises performances françaises, de nombreux seniors ne pourront pas cotiser leurs 172 trimestres et ne percevront pas leurs pensions de retraite à taux plein et doivent se tourner vers des solutions alternatives afin de s’assurer des revenus. Certains seniors se tournent donc vers des activités d’auto-entrepreneur ou de micro-entrepreneur. Des statuts leur permettant de valoriser leur expérience et de gagner en flexibilité, mais qui ne permettent pas de cotiser à la même hauteur que les salariés, ni de bénéficier des avantages du salariat tels que l’assurance-maladie et les congés payés.