Après des mois, la réforme de l’assurance emprunteur a été définitivement votée par les parlementaires le 28 février 2022 et publiée au Journal officiel du 3 mars 2022. Les trois mesures phares de ce texte devraient bénéficier à des millions de particuliers. Toutefois, les experts redoutent des effets pervers à cette loi censée aider les propriétaires.
Tout demandeur d’un prêt immobilier doit souscrire une assurance décès, incapacité-invalidité, chômage. Si l’un de ces sinistres survient, l’assurance rembourse tout ou partie des échéances encore dues. Il est possible de choisir un contrat autre que celui de la banque, afin de payer moins cher, car le coût de l’assurance est souvent supérieur au montant des intérêts dans un contexte de faiblesse des taux. La loi autorise également le changement d’assurance pour une offre plus avantageuse pendant la première année du prêt (loi Hamon de 2014) ou à chaque date anniversaire de la signature de l’offre de prêt (amendement Bourquin de la loi Sapin 2 de 2018).
La réforme de l’assurance emprunteur, portée par la députée Patricia Lemoine du groupe Agir, vise à rendre l’accès au marché de l’assurance de prêt « plus juste, plus simple et plus transparent », mais aussi à favoriser la concurrence. L’objectif est de permettre aux détenteurs d’un crédit immobilier de bénéficier d’une couverture adaptée à leur situation et leur besoin à un prix compétitif, afin d’abaisser le coût global de leur prêt de plusieurs milliers d’euros.
Trois changements majeurs vont entrer en vigueur cette année :
De nombreux assureurs craignent néanmoins une forte hausse du taux de l’assurance qui pénaliserait tous les emprunteurs. En effet, le contenu et la tarification des contrats reposent sur le principe de la mutualisation des risques. En cherchant à faciliter l’accès à la propriété des personnes présentant un risque aggravé de santé, les assureurs pourraient se retrouver contraints, pour compenser, de relever les prix pour tous.
Une telle situation affecterait surtout les acteurs alternatifs, dont la capacité à absorber un surcroît de risque est moindre. La conséquence serait une incapacité à concurrencer les grands groupes de bancassurance, qui retrouveraient leur monopole alors que c’est précisément pour l’éviter que les réformes successives ont été lancées.
À l’heure actuelle, les banques se voient déjà régulièrement reprocher de profiter de la complexité de la réglementation pour freiner le départ des clients. Elles détiendraient ainsi plus de 85 % de parts d’un marché valorisé à 7 milliards d’euros annuels, pour une marge de 68 %.
Il faudra attendre le premier bilan de cette loi par le comité consultatif du secteur financier pour mettre à jour la dégradation de garanties et la hausse de prix tant redoutées.