La France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050 dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Pour ce faire, le gouvernement alloue un budget de 30 milliards de l’enveloppe consacrée au Plan de Relance 2021 à la décarbonation de quatre secteurs prioritaires, dont le bâtiment. Ces objectifs ambitieux contraignent l’immobilier à se transformer.
Le secteur du bâtiment est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre en France (25 %), dont les deux tiers sont issus du secteur résidentiel privé, avec la production d’eau chaude, le chauffage, les équipements électriques… C’est la raison pour laquelle la consommation d’énergie des constructions existantes doit diminuer de 38 % à l’horizon 2030.
Aussi bien les bâtiments publics de l’État (incluant les écoles et universités) que les logements sociaux, les locaux des TPE/PME et les bâtiments tertiaires, ainsi que résidentiels privés sont concernés par cette obligation de se renouveler afin de minimiser leur empreinte carbone. 6,7 milliards d’euros du plan de relance sont ainsi destinés à cette rénovation, dont 4 milliards pour les bâtiments de l’État.
Dans le neuf, cet effort commence dès la conception du projet et tout au long du cycle de vie de l’immeuble. Les constructions doivent satisfaire à des critères « d’énergie positive », c’est-à-dire une production énergétique supérieure à ses besoins afin de dégager un excédent. Les occupants doivent par ailleurs avoir la garantie que leur logement répond aux exigences liées aux conditions climatiques comme les fortes chaleurs. D’ailleurs, selon une étude réalisée par Harris Interactive, la performance énergétique et l’écologie deviennent des critères de poids pour les acquéreurs d’un bien immobilier.
Depuis le 1er janvier 2022, la norme RE2020 est en vigueur, le but étant de réaliser des économies d’énergie drastiques et de renforcer la protection de la planète. Cette nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs impose de recourir à des techniques de construction et matériaux plus écologiques.
• Les panneaux photovoltaïques ou solaires installés sur les toits sont synonymes de réductions drastiques du coût de l’énergie.
• Les constructeurs se tournent davantage vers les matériaux naturels tels que le bois, l’huile de lin, le chanvre, le liège pour une isolation thermique efficace et peu polluante.
• Ils choisissent des peintures et vernis écologiques, qui renferment moins de solvants et de composés organiques volatils.
• Les chaudières à énergie renouvelable (bois ou gaz à condensation) sont privilégiées pour le chauffage. La géothermie, qui exploite la chaleur du sol pour chauffer le logement, représente également une alternative intéressante.
• Sur les fenêtres, l’efficacité du vitrage à isolation renforcée est jugée trois fois supérieure à celle du vitrage traditionnel.
• Les récupérateurs d’eau de pluie et les compteurs intelligents contribuent à une moindre consommation d’eau.
Mais ces innovations peuvent également s’appliquer aux biens existants à rénover.
Afin d’encourager les ménages à réaliser des travaux de rénovation énergétique dans leur habitat, l’État leur accorde un crédit d’impôt transition énergétique de 30 %. La condition : faire appel à une entreprise certifiée RGE (Reconnus Garant de l’Environnement). Ils peuvent également prétendre à une prime énergie renouvelable, sous réserve que la demande soit déposée avant le démarrage du chantier. Enfin, l’Agence Nationale de l’Habitat octroie certaines subventions sous conditions.
Le montant de l’enveloppe consacrée au dispositif MaPrimeRénov’ est également revu à la hausse afin de permettre des travaux de réhabilitation très lourds. Le plan de relance prévoit d’ailleurs la mobilisation de ressources exceptionnelles afin d’encourager les rénovations globales, incontournables pour l’éradication des « passoires thermiques ».
Quant à ceux qui misent sur le neuf, construire un logement écologique entraîne généralement un surcoût de l’ordre de 10 à 20 % par rapport à un logement traditionnel. Toutefois, le premier est plus écologique à l’usage, notamment grâce à la diminution de la facture mensuelle d’énergie. Conscients des enjeux, et désireux d’améliorer leur confort, les Français sont prêts à un effort budgétaire pour vivre dans des immeubles peu énergivores et ayant un impact faible sur le climat.
Sous la pression de la demande pour de l’immobilier durable, les acteurs du secteur et les institutions gouvernementales se mobilisent. Le défi consiste à proposer des logements de qualité dans les zones tendues tout en préservant l’environnement. Ainsi, les projets d’urbanisme, de construction ou d’aménagement doivent tenir compte des objectifs nationaux de lutte contre l’artificialisation des sols.
Ce faisant, limiter l’étalement urbain sur les terres agricoles, les forêts et les zones naturelles, notamment en exploitant les friches, s’avère indispensable. Le gouvernement va débourser 350 millions d’euros sur 2 ans afin de compenser le surcoût pour les collectivités qui délivrent des permis de construire. Elles sont également accompagnées pour des initiatives vertueuses au travers de programmes tels que le plan « Ville durable », mais également le développement d’éco-quartiers, d’éco-cités, de villes cyclables, de projets de revitalisation des centres-bourgs, etc.