La crise sanitaire a entraîné des changements importants sur le marché immobilier. Confinements répétés et généralisation du télétravail ont poussé de nombreux salariés du secteur privé à déménager loin des grandes villes. Toutefois, les professionnels du secteur écartent le scénario d’un exode urbain.
Avant la pandémie, les citadins étaient déjà nombreux à se tourner vers les zones périurbaines et rurales afin de trouver des biens plus abordables et profiter d’un cadre de vie plus agréable proche de la nature. La crise sanitaire et ses conséquences n’ont ainsi fait qu’accélérer la tendance.
Grâce à la possibilité de travailler à distance, une partie des salariés du privé a quitté les grandes agglomérations, à commencer par l’Île-de-France, pour les communes rurales. Le pourcentage de ceux qui ont déménagé entre avril 2020 et avril 2021 a progressé de 0,5 % pour atteindre 12,3 %. Une majorité d’acquéreurs souhaite aujourd’hui vivre une maison individuelle en campagne ou dans une ville moyenne, moins peuplée.
Pour un budget inférieur à leur loyer, notamment à Paris, ces ménages peuvent s’offrir une surface nettement plus importante avec un espace extérieur, sachant que l’exiguïté de l’appartement en ville est un autre élément déclencheur des envies d’ailleurs. Cependant, l’endroit choisi doit disposer d’une couverture internet de qualité et d’une bonne desserte ferroviaire. Ainsi, 11,4 % des salariés n’hésitent pas à habituer à plus de 100 kilomètres de leur entreprise.
Le Grand Ouest est l’une des destinations phares de ces travailleurs. Des zones déjà attractives comme le littoral atlantique, Angers, Nantes ou encore Le Mans connaissent un grand succès depuis 2020. De même, le volume de transactions enregistré dans la Creuse l’an dernier a bondi de 34,8 %. L’Orne, l’Yonne, l’Aube ou encore le Loir-et-Cher sont également très prisés des citadins ayant délaissé la capitale et les grandes villes.
Preuve que le télétravail joue un rôle clé dans cette dynamique, la proportion des métiers administratifs, comptables, informatiques, etc. sur le total des nouvelles installations dans les départements ruraux est passée de 6,1 % entre avril 2019 et avril 2020 à 7,2 % au cours des 12 mois glissants suivants. Selon la DARES, ils ont contribué pour 50 % de l’augmentation du nombre des arrivées dans ces secteurs. Ils viennent principalement des métropoles, de la région parisienne, mais aussi du Rhône, de la Haute-Garonne et de la Loire-Atlantique.
Il reste que l’accès à la propriété risque de se compliquer avec un début de remontée des taux d’intérêt qui s’ajoute aux prix toujours élevés. En effet, l’institut d’études privé Xerfi anticipe des hausses respectives de 5,2 % et 2,8 % en 2022 et 2023. Les villes moyennes et les zones côtières seront le principal moteur de ce mouvement. Des différences seront néanmoins à noter entre l’Île-de-France et les régions : les nouveaux propriétaires franciliens devraient profiter de prix dont la croissance ralentit, avec « seulement » 2,2 % en 2022 et 1,2 % en 2023, en baisse par rapport à l’an dernier (+3,6 %) contre 5,9 % et 3,3 % ailleurs après 7,6 % en 2021.
Aujourd’hui, il faut consacrer l’équivalent de cinq années de revenus pour s’offrir un bien, soit deux fois plus longtemps qu’avant 2000. Par ailleurs, les recommandations du Haut Conseil à la stabilité financière en matière de crédit immobilier sont devenues des normes juridiques contraignantes. Désormais, la mensualité des emprunteurs ne peut dépasser 35 % de leurs revenus mensuels et la durée de remboursement ne peut dépasser 27 ans. Les foyers modestes auraient alors peu de chances d’accéder au prêt bancaire.