Selon une récente étude menée par le Consortium des bureaux en France (CBF), les bureaux laissés à l’abandon pourraient bien représenter une réponse partielle mais significative. En effet, ces surfaces inutilisées, estimées à deux millions de mètres carrés, pourraient loger jusqu’à 53.000 personnes d’ici cinq ans si elles étaient transformées en habitations. Ce potentiel, couplé aux récentes avancées législatives, pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la pénurie de logements.
Le CBF, en s’appuyant sur des données publiques, évalue la surface totale des bureaux en France à 173 millions de mètres carrés, dont 9 millions ne sont pas occupés. Parmi ces derniers, un quart sont classés comme « friches », c’est-à-dire des immeubles de plus de 1.000 m² inoccupés depuis au moins deux ans et sans projet en cours. Ces espaces inutilisés se concentrent dans des zones stratégiques, telles que Nanterre, le centre-ville de Lille, ou des arrondissements centraux de Paris comme les 8ᵉ et 9ᵉ arrondissements.
La reconversion de ces surfaces représente une opportunité unique, notamment dans des zones urbaines où la pression immobilière est forte. Transformés en logements, ces bureaux pourraient répondre à la demande croissante tout en contribuant à une meilleure optimisation des ressources foncières.
Pour répondre à ce potentiel, l’Assemblée nationale a adopté en mars une proposition de loi portée par le député Romain Daubié (Modem et indépendants), visant à simplifier les démarches de transformation de bureaux en logements. Ce texte prévoit plusieurs mesures phares :
Ce projet de loi, bien qu’amendé par le Sénat en mai, constitue une avancée significative pour fluidifier ces opérations de transformation.
Avec un potentiel d’hébergement pour 53.000 personnes, cette initiative pourrait soulager les tensions du marché immobilier dans plusieurs grandes villes françaises. Elle représente également une solution durable, car elle s’appuie sur l’existant plutôt que de consommer de nouveaux espaces fonciers.
La conversion de bureaux abandonnés en logements permettrait de redynamiser des quartiers souvent laissés à l’écart. Par exemple, certaines zones de La Défense, bien qu’actives en journée, deviennent désertes la nuit. Transformer ces espaces en habitations favoriserait une mixité urbaine bénéfique à l’économie locale.
Recycler des bâtiments existants est nettement moins énergivore que de construire de nouvelles structures. Cette démarche contribue à une réduction de l’empreinte carbone du secteur immobilier, en ligne avec les objectifs climatiques de la France.
Malgré ses nombreux avantages, la reconversion des bureaux en logements n’est pas exempte de défis.
Les immeubles de bureaux ne sont pas toujours conçus pour un usage résidentiel. Il est nécessaire de repenser les espaces intérieurs, d’assurer leur conformité aux normes de sécurité et de rendre ces logements accessibles.
De plus, transformer un bureau en logement peut s’avérer coûteux, notamment si l’immeuble nécessite une isolation thermique renforcée ou des modifications structurelles majeures.
A noter, que certains habitants ou acteurs locaux pourraient s’opposer à ces projets, craignant une dégradation de la qualité de vie ou une augmentation de la densité urbaine.
La reconversion des bureaux en logements pourrait devenir un levier clé pour répondre à la crise du logement tout en s’inscrivant dans une logique d’urbanisation durable. En favorisant cette approche, la France pourrait non seulement offrir une solution à des milliers de familles en attente d’un logement, mais également optimiser l’utilisation de son patrimoine immobilier.
Les récentes évolutions législatives montrent que la prise de conscience est là. Reste désormais à surmonter les obstacles techniques et financiers pour faire de ces projets une réalité.